UNION EUROPÉENNE

Aperçu économique général

La pandémie de Covid a provoqué une crise économique sans précédent, le PIB de l'UE se contractant de 6,3 % en 2020. Les mesures restrictives appliquées par les autorités nationales pour contenir la propagation du virus COVID-19 ont inévitablement provoqué une contraction économique et touché un grand nombre d'entreprises. Ces mesures ont entraîné des contraintes physiques sur l'activité économique et un arrêt brutal de la production. Cette contraction a été aggravée par certains dysfonctionnements du marché unique dus à la pandémie.

Le secteur de la construction a été particulièrement touché au cours du deuxième trimestre de 2020. En Italie, en Espagne, en Irlande, en Slovaquie et en France, les activités de construction se sont plus ou moins complètement arrêtées. Là où les entreprises ont été autorisées à fonctionner, elles ont dû faire face à un certain nombre de difficultés :

• Les pénuries de main-d'œuvre, liées soit à la mise en quarantaine des travailleurs, soit aux restrictions de voyage au sein de l'UE ou d'un seul pays. Selon la Commission européenne, le nombre de détachements a chuté de façon spectaculaire au cours de la deuxième quinzaine de mars, ainsi qu'en avril et en mai.
• Perturbation des chaînes d'approvisionnement entraînant un manque de matériaux de construction à certains endroits.
• Le manque d'équipements de protection pour les travailleurs qui a empêché la reprise des travaux.
• Coûts supplémentaires dus à la mise en place de mesures de sécurité et de santé.

Globalement, au deuxième trimestre 2020, la valeur ajoutée dans la construction a diminué d'environ 2% par rapport au deuxième trimestre 2019. En mai, l'indicateur de confiance a atteint son plus bas niveau en 2020.

Le blocage a touché tous les secteurs économiques, mais des divergences ont commencé à apparaître pendant l'été, certains secteurs se redressant plus rapidement que d'autres. Les pays ayant levé les restrictions et les protocoles de santé et de sécurité ayant été mis en place, le travail sur les chantiers a repris et les entreprises de construction ont maintenu leur capacité de production tout au long de l'année, bénéficiant de carnets de commandes bien remplis.

Globalement, la construction a moins souffert qu'initialement prévu à l'été 2020, alors que la FIEC prévoyait une baisse des investissements de 8,5 %. L'investissement total dans la construction a diminué de 5,8 % en 2020 et s'est élevé à 1.400  milliards d'euros, ce qui équivaut à 10,7 % du PIB de l'UE. Si des pays comme l'Allemagne, le Portugal, le Danemark et la Grèce ont affiché des taux de croissance positifs, la baisse a été particulièrement spectaculaire en Espagne, en France, en Italie, en République Tchèque et en Pologne. En termes d'emploi, le secteur a employé 12,8 millions de travailleurs en 2020, soit une légère augmentation de 0,8% par rapport à 2019, malgré une réduction des heures prestées de près de 5%.

En 2021, l'investissement dans la construction devrait reprendre sa croissance à un taux de 4,2 %. Tous les segments devraient se redresser. À l'exception de la Finlande, des Pays-Bas et de la Suède, tous les pays devraient se remettre sur les rails. Mais les investissements n'atteindront pas le niveau de 2019 avant la crise. Pour l'emploi dans la construction, une légère baisse de 0,1% est prévue, l'impact de la crise étant reporté à 2021 pour certains pays.

Construction de nouveaux logements

La construction de nouveaux logements représente environ 20 % de l'investissement total dans la construction. En recul de 7,8 % en 2020, elle a été l'un des principaux moteurs de la baisse globale des investissements dans la construction. Comptant parmi les poids lourds de la construction, ce déclin a été principalement dû aux baisses substantielles enregistrées en Espagne (-17,4 %), en France (-22,3 %) et en Italie (-12,5 %). Au contraire, des taux de croissance positifs ont été enregistrés en Allemagne (2,2%) et en Finlande (2%). Au Danemark, au moment de la rédaction du présent rapport, on s'attend même à une croissance de 13,2% du segment.

En 2021, les marchés de la plupart des pays devraient se redresser, à l'exception de la Suède, de la Finlande, des Pays-Bas et de la Pologne, où l'investissement dans la construction de logements neufs devrait encore diminuer. L'évolution positive en 2021 sera soutenue par une nouvelle année de croissance en Allemagne et la reprise du marché en France, en Espagne et en Italie.

Dans l'ensemble, l'investissement dans la construction de logements neufs devrait augmenter de 4,8 %, mais sera loin d'atteindre le niveau d'avant la crise. La croissance peut s'expliquer par un effet de base et par le fait que l'exécution de certains projets a été reportée à 2021. Par ailleurs, des conditions économiques favorables persistentliées à une pénurie de logements et des conditions de financement favorables dans de nombreux pays.

Rénovation de logements

L'investissement dans la rénovation représente près de 30 % de l'investissement total dans la construction. S'étant avéré être le segment le moins volatil au cours de la dernière décennie et ayant servi de stabilisateur à la suite de la crise financière de 2009, l'investissement dans les travaux de rénovation a diminué de 3,7 % en 2020 - une baisse historique mais cependant plus faible que dans les autres segments. Les pays les plus touchés ont été l'Espagne, la France, l'Italie et la Pologne, tandis que l'évolution a été positive en Allemagne, au Portugal, en Suède et aux Pays-Bas.

L’aspect positif de la situation est que l'investissement dans la rénovation devrait rebondir fortement et même dépasser le niveau d'avant la crise en augmentant de 5,7 % en 2021. Cela s'explique en grande partie par le fait que les États membres ont placé les mesures de rénovation au centre de leurs programmes de relance. En effet, la rénovation des bâtiments inefficaces sur le plan énergétique est l'un des fleurons du Fonds européen pour la relance et la résilience.

À plus long terme, ce segment a le potentiel de devenir un moteur de croissance encore plus important pour le secteur de la construction, car la rénovation des bâtiments est placée au cœur des politiques climatiques européennes et nationales, notamment grâce à la « Stratégie pour une vague de rénovations », présentée par la Commission européenne en octobre 2020.  Selon la Commission européenne, des investissements annuels supplémentaires de 275 milliards d'euros sont nécessaires pour rénover et décarboner le parc immobilier existant, ce qui pourrait conduire à la création de 160 000 nouveaux emplois.